Depuis que je suis môme, je nourris cette ambition de réaliser mes propres films. À tel point, que je n’ai pas été foutu de prendre en considération la moindre perspective d’avenir qui aurait pu m’assurer un CDI, un crédit immobilier, une voiture de fonction et les chèques-vacances. Vous savez, histoire d’aller brûler sous le soleil, au bord de la piscine du Club Med, entre deux corps spongieux suintant le saindoux pendant que ta femme fantasme sur le prof d’aquagym et que tes mômes te font le portefeuille dans ton dos. Tout ça pour s’acheter du mauvais shit. À ce stade, pour eux, tu ne vaux pas mieux que le pneu dégeulasse dont ils s’emplissent les poumons.
J’avais peur qu’à quarante berges, je ne m’aperçoive de la supercherie et qu’à défaut de sortir les projets de ma jeunesse de leur tiroir, je ne finisse par vivre ma crise en m’achetant une moto pour draguer des gonzesses qui auraient pu être mes filles.
Mais la vérité, c’est que je n’ai pas quarante berges, que je déteste les motos et les gamines de vingt ans sont majoritairement plus stupides que pourrait l’être un enfant né de l’union de Candeloro et Nabilla, qui aurait été élevé pendant dix-huit saisons par les anges de la téléréalité.
La vérité, c’est que je n’ai jamais fermé le tiroir où s’entassent les projets que j’ai écrit au fur et à mesure des années.
Que ce soit en école de cinéma ou dans les circuits amateurs du court-métrage, j’ai toujours entendu cette même rengaine putassière: « On ne peut rien faire sans subventions ». Les peignes-culs pro-institutionnels se disent prêts à révolutionner le cinéma français, trop fade à leur goût. Par contre, à part Godard, ils sont incapables de citer le nom d’un réal’ de chez nous. Ah si! Gaspard Noé peut-être, « parce que ses délires visuels oniriques sont incroyablement beaux et que sa subversion l’a même poussé à tourner une scène d’éjac en 3D ». Merde, ces guignols sont tellement fragiles qu’ils font des expériences de mort imminente à la moindre secousse. Si ces bobos portent un foulard autour du cou, ce n’est pas pour le style. C’est uniquement pour pouvoir s’étrangler à tout moment dans le métro et vérifier, qu’à défaut d’irriguer leurs cerveaux étriqués, ils sont toujours capables de bander. C’est primordial pour continuer de se masturber sur leur égo. Perso, j’attends le film multisensoriel qui te refile le VIH avant de parler de subversion. Bref, en tout cas il paraît que sans thune, on ne fait pas de cinoche. C’est ce qu’ils m’ont dit parce que c’est ce qu’on leur a dit.
J’attends toujours leur révolution subventionnée.
Pendant ce temps-là, j’ai monté ma boîte dans laquelle j’officie depuis 2010. Alternative Factory. J’y fais de tout et je porte toutes les casquettes. Je ne m’en vante pas, c’est parfois un fardeau. Mais je gère toute la chaîne de la production jusque la post-prod avec mon partenaire de crime dans le milieu de la communication Guillaume de Com’Now.
En parallèle, je fais de la musique. Depuis seize ans. Plus de la moitié de ma vie. Je bouffe des kilomètres, avec six autres potes minimum dans un van, à écouter les dernières péripéties graveleuses de tes potes neuroplégiques qui ont plus d’alcool que de sang dans les veines. On s’auto-finance, on agit à notre niveau mais on concrétise toujours nos projets. Do It Yourself.
J’ai passé six grosses années à réaliser des clips pour tout un tas de groupes. Jusqu’à l’épuisement en fait. Ça me gonfle, des mecs se tuent dix heures par jour à l’usine pour subvenir à leurs besoins et moi je me plains de réaliser des clips musicaux. Je sens la crise arriver. Mais je n’aime toujours pas les motos. J’ai peut-être encore un peu de marge.
Toujours est-il que j’ai de l’expérience, le matériel nécessaire, un entourage merveilleux que je peux exploiter sans vergogne et surtout, je n’ai plus aucune excuse. Alors je me lance. Je relaie mon identité Alternative Factory au second plan et je lance ma communication en mon nom propre. Si vous me recroisez et que je porte un foulard, c’est que je me suis laissé prendre au jeu.
Je me lance donc dans la fiction avec des personnes essentiellement rencontrées dans le milieu musical. Etant donné que le front de libération du cinéma français n’a pas encore fini son crowdfunding…
J’appelle Gregory du label Terrain Vague qui fait les choses à son niveau également dans la musique, la production et dont la vocation première était aussi le cinéma. Il devient mon acolyte dans mes projets de fictions.
J’appelle Olivier de Nautylus Productions, avec qui je nourris un partenariat depuis de longues années.
Et puis j’appelle mon copain idiot. On en a tous un. Je ne le citerai pas parcequ’il n’a pas encore declaré sa boîte. Je vous l’ai dit, il est idiot. A tel point qu’il en est même batteur. Et un très bon.
L’équipe technique est au complet. Le casting formé de potes est aussi issu de la scène musical. Ils ne sont pas comédiens mais ils n’en ont pas besoin. Ils sont entiers et hors normes. Le scénario a été réadapté pour coller aux identités de ces bras-cassés.
Dans quatre semaines, nous commencerons le tournage de ce moyen métrage. On lui a même trouvé un titre avec Gregory: « TOCARDS »
Je vais désormais communiquer très régulièrement sur ce blog quant à l’avancée de ce projet mis sur les rails depuis quatre mois déjà.
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Michael